Médiation animale – Première immersion à la Maison d’Arrêt de Grasse

Aujourd’hui, j’ai vécu ma première co-intervention en médiation animale à la Maison d’Arrêt de Grasse, dans le cadre de ma formation avec Reconnect 06. Et il est difficile de mettre des mots exacts sur ce moment, tant il était dense, humain et chargé de sens.

Avant même d’entrer dans la salle d’activité, tout commence par une succession de portes, de contrôles, de sas, de garde. Chaque passage est un rappel concret de la distance entre l’intérieur et l’extérieur. Et pourtant… très vite, l’attention se déplace vers l’essentiel : la rencontre.

À mes côtés aujourd’hui, quatre petites boules de poils : Mélusine, Clochette, Glouton et Explorer. Quatre lapins.

Ce sont eux, les médiateurs.

Pas nous.

Nous, nous construisons simplement le cadre qui rend la rencontre possible.

Et puis il y a eu ce moment inattendu. Au détour d’un couloir, un croisement. Un regard. Et la douleur douce-amère de reconnaître un jeune que j’ai accompagné il y a des années. Ces secondes-là ont été un choc intime. Un rappel que l’accompagnement humain est un fil qui traverse le temps. Et que parfois, il revient se rappeler à nous.

Puis la séance a commencé avec d’autres détenus.

Et là, tout change.

Le cadre s’ouvre.

Les barrières tombent un peu.

La parole circule autrement.

Il y a du silence, de l’écoute, du calme, du vrai.

Une respiration.

Juste ce petit espace où l’on peut être humain avant d’être un statut, une étiquette ou une fonction.

Les lapins ont joué leur rôle sans effort apparent : ils ont offert présence, douceur, neutralité. Et c’est fou de voir l’impact de ces petites présences silencieuses. Des regards qui se détendent. Des mains qui s’apaisent. De l’attention qui se fixe sur quelque chose de doux, de vivant, de non menaçant.

Ce premier terrain m’a énormément appris.

Sur eux.

Sur l’animal.

Sur moi.

Sur la puissance du simple.

L’incroyable pouvoir de ces petites boules de poils.

La médiation animale est un autre niveau de relation.

Elle circule autrement. Elle touche autrement. Elle ouvre autrement. Et cette première immersion m’a confirmé que je suis exactement là où je dois être.

Ce n’est que le début.

Et déjà, ça change tout.

Eugénie